De Beers, le géant mondial du diamant, a annoncé une réduction historique des prix des diamants bruts, oscillant entre 10 % et 15 %. Cette décision, prise lors de sa dernière vente aux enchères de l’année, marque un tournant significatif dans la stratégie de l’entreprise face à des dynamiques de marché en mutation. Ce geste, rare pour De Beers, reflète les défis persistants de l’industrie diamantaire.
Un marché sous pression
Traditionnellement, De Beers préfère offrir de la flexibilité à ses clients ou leur permettre de refuser des lots plutôt que de baisser les prix. Cependant, cette fois-ci, la société a opté pour une réduction franche, décrite par Bloomberg comme une « diminution historiquement importante ».
Selon Paul Zimnisky, analyste du marché, cette décision est influencée par les efforts de la maison-mère, Anglo American, pour vendre De Beers. Toutefois, il s’interroge sur le timing de cette décision, notant que « le marché des diamants polis montrait des signes de stabilisation ». Cette réduction pourrait éroder ces progrès, diminuer les marges des fabricants et affaiblir l’attrait des diamants naturels face aux alternatives synthétiques.
Un observateur de l’industrie, sous couvert d’anonymat, a qualifié cette décision de « signe de désespoir ». « Cette démarche diminue la valeur des stocks juste avant la saison cruciale des fêtes », a-t-il déclaré, soulignant que, bien que les prix des diamants naturels aient baissé progressivement depuis la pandémie, ils restent plus stables que ceux des diamants synthétiques.
Pression sur les clients
De Beers a également rappelé une règle contractuelle mise en place en 2021, obligeant ses clients sélectionnés, appelés « sightholders », à acheter pour au moins 15 millions de dollars (environ 14 millions d’euros) de marchandises par an. Ceux qui ne respectent pas cette obligation en 2024 perdront leur statut privilégié en 2025, se limitant à des achats ponctuels sans garantie d’approvisionnement.
Alors que De Beers reste discret sur ces réductions et le processus d’attribution, son porte-parole, David Johnson, a évoqué des signes de stabilisation des prix des diamants polis et une diminution des stocks intermédiaires. Cela, selon lui, offre une base pour une reprise progressive alors que les ateliers de taille rouvrent après la pause prolongée de Diwali.
Réactions du secteur
Dans le secteur, les opinions divergent quant à l’impact de cette décision. Si certains espéraient des réductions en janvier 2025 pour mieux aligner les prix avec le marché, d’autres estiment que cette baisse, bien que significative, reste insuffisante pour permettre aux fabricants de générer des profits.
De plus, De Beers a réduit la flexibilité récemment accordée aux clients pour renvoyer des lots. Les clients peuvent désormais revendre jusqu’à 10 % de leurs marchandises pour les petites tailles, contre 30 % précédemment, et jusqu’à 20 % pour les pierres plus grandes, au lieu de 10 %.
Enjeux stratégiques
Alors que De Beers vise un objectif ambitieux de 1,5 milliard de dollars de bénéfices d’ici 2028, ses résultats pour 2023, avec seulement 72 millions de dollars (environ 68 millions d’euros), montrent les défis de l’industrie. Ces réductions pourraient aider à combler l’écart entre les prix des enchères de De Beers et ceux du marché libre, mais elles risquent également de fragiliser encore davantage les fabricants déjà éprouvés.
Un marché à surveiller
Avec les fêtes de fin d’année à l’horizon, les yeux sont tournés vers l’impact de ces réductions sur les prix des diamants polis et la compétitivité des diamants naturels face aux alternatives synthétiques. Alors que De Beers entame des discussions avec ses clients pour les contrats de 2026, l’équilibre entre l’offre et la demande reste précaire, et le chemin vers la reprise semble semé d’embûches.